LE MARCHE DE LA VIANDE ISSUE DE L'ELEVAGE NATUREL EN PLEINE CROISSANCE
Une prise de conscience accrue influence la demande croissante
La prise de conscience des consommateurs augmente: ils se posent des questions sur la manière d'élever et d'abattre les animaux. Dans cet article, nous allons voir ce qui distingue les différents produits de viande. Quelle est la différence entre la viande issue de l'élevage naturel (viande naturelle), la viande issue de l'élevage biologique (viande bio) et la viande issue de l'élevage standard? La différence de prix est-elle justifiée? La viande naturelle ou biologique est-elle plus saine? Nous avons posé ces questions à Veronique Roosens de la boucherie De Groene Slager à Wijnegem.
DE GROENE SLAGER
En suivant des formations et des ateliers, Veronique Roosens (à gauche) a développé une passion pour l'alimentation saine. Pour partager ses connaissances et son expérience, Veronique a ouvert, avec son ami Rik Depestel, une boucherie naturelle qui présente une vaste gamme de produits de traiteur (aussi végétariens, végétaliens, sans gluten, sans lactose, ni autres allergènes ou intolérances). Ils comptent aussi vendre des fruits et légumes frais bio.
DIFFERENCES
1. Viande naturelle
La viande naturelle n'est pas une appellation protégée par la loi, mais il s'agit d'une appellation reconnaissable. Il n'y a pas de critères officiels et l'appellation ne fait pas l'objet de contrôles supplémentaires. Comme le terme l'indique, la viande naturelle est issue des animaux qui paissent dans des espaces naturels préservés.
Les animaux vivent la majeure partie de l'année à l'extérieur. En hiver, ils vivent à l'intérieur sur un lit de paille fraîche. L'utilisation d'engrais chimiques est proscrite sur les pâturages et le nombre d'animaux par hectare est limité. Les animaux mangent des aliments naturels d'origine végétale et les jeunes ont suffisamment le temps pour l'allaitement et pour grandir. Les bovins ne sont pas abattus avant l'âge de trois ans. Ainsi, la viande a le temps de mûrir et a un meilleur goût.
Selon la race, la viande naturelle est un peu plus grasse, notamment à cause de la graisse intramusculaire, ce qui confère un goût savoureux à la viande. Le transport d'animaux vivants est très limité. Lors de la transformation de la viande, l'ajout de colorants, d'exhausteurs de goût et de conservateurs est interdit.
2. Viande bio
La viande biologique est une appellation protégée par la loi. La viande est reconnaissable au label belge Biogarantie et au label bio européen obligatoire pour les produits biologiques de l'UE. Les agriculteurs bio sont soumis à un contrôle obligatoire.
Maladies
Le contrôle par des organes de contrôle reconnus et indépendants vient s'ajouter aux contrôles habituels des abattoirs. Outre les systèmes de contrôle, la plus grande différence concernant la viande biologique, est que l'animal souffrant d'une maladie grave ne peut être soigné, sauf à l'aide de l'homéopathie. Ainsi, les animaux issus de l'élevage bio peuvent vivre plus longtemps, mais ils peuvent porter des maladies qui ne sont pas guéries.
“Quant à la viande naturelle, à titre exceptionnel et en accord avec le vétérinaire, il est éventuellement possible d'administrer des médicaments ou antibiotiques aux animaux malades”, explique Veronique Roosens de la boucherie De Groene Slager. “Si c'est le cas, la viande reçoit un label spécial, pour que ce soit bien clair envers le consommateur”, ajoute Veronique.
Aliments et pâturages biologiques
Les bovins biologiques doivent paître le plus possible dans des lieux de pâturage biologiques. Les aliments pour ces animaux doivent être issus de la culture biologique et plus de la moitié doit être issue de la culture locale. Qu'il s'agisse d'aliments biologiques ou non, la quantité de méthane émise par les bovins ne change pas si les animaux se nourrissent d'aliments industriels. Les agriculteurs bio sont toutefois obligés d'établir un plan d'engrais très strict afin d'éviter l'usage intensif d'engrais.
Races indigènes
On choisit des races indigènes, qui peuvent s'adapter aux conditions locales. Ainsi, les animaux courent moins le risque de contracter des maladies. En général, ils vêlent sans aide.
Transport limité au minimum
La durée du transport des animaux (y compris le trajet vers l'abattoir) doit être limitée au minimum. Par ailleurs, il est interdit de recourir à l'usage d'aiguillons électriques lors du déchargement des animaux.
Les animaux qui produisent de la viande naturelle et biologique, seraient élevés d'une manière qui respecte davantage le bien-être des animaux que les animaux normaux élevés en étable ©De Groene Slager
UN MODE DE VIE DIFFERENT
Souvent, les gens veulent savoir si la viande naturelle et bio est issue d'une autre technique d'abattage que la viande standard. Ce n'est pas le cas. Il n'existe pas ‘d'abattoirs bio’, car le marché de la viande bio est trop petit et donc pas assez rentable, ni pour les bovins, ni pour les cochons. La viande pour les supermarchés et pour les bouchers est abattue de la même façon dans les mêmes abattoirs. La grande différence entre la viande naturelle, la viande bio et la viande standard concerne le mode de vie des animaux. La viande naturelle et bio est considérée comme plus respectueuse envers l'animal que la viande standard issue d'animaux élevés en étable. Les animaux qui profitent d'un libre parcours et qui vivent dans de plus grands espaces, témoignent d'un comportement plus naturel.
OFFRE
Sortes de viande naturelle
“En principe, toutes les espèces animales, comme les bovins, veaux, cochons, poules, dindes et moutons peuvent produire de la viande naturelle. Toute viande sauvage correspond d'office à la viande naturelle, qui est disponible à chaque saison, sauf les agneaux de lait qui naissent au printemps”, explique Veronique.
SUPPLEMENT DE PRIX
De meilleures conditions de vie, un plus grand espace vital, un processus de croissance plus lent et un programme alimentaire adapté aux animaux élevés naturellement garantissent un séjour plus long à la ferme, ce qui contribue à un rapport prix/qualité équitable.
Pour garantir un prix correct, les fermiers et bouchers travaillent en étroite collaboration. De Groene Slager achète sa viande bovine fraîche chez ‘Natuurvlees’ Dobbelaere à Moerkerke/Damme. Cette entreprise élève ses propres cochons et bovins, et dispose d'un atelier de découpe CE avec production, transformation et préparation de produits à base de viande.
PRISE DE CONSCIENCE
“La prise de conscience accrue de la part du consommateur donne lieu à une augmentation des ventes de viande naturelle dans notre magasin”, affirme Veronique. “On est ravi de constater une augmentation générale pour toutes sortes de viande. Nous sommes directement en contact avec les clients, qui veulent accorder plus d'importance à leur qualité de vie. Ils méritent une réponse claire en ce qui concerne le type de viande que nous leur proposons. C'est au boucher d'informer le consommateur. Pour le client, il est difficile de faire la différence entre ce qui est bien et ce qui est mieux. Voilà pourquoi il est tellement important de conserver un contact direct entre le producteur/vendeur et le client.”


