La viande de cheval répond à la demande d'une plus grande durabilité
LES FOURNISSEURS REMETTENT EN QUESTION L'EXCLUSION DE L'ABATTAGE

Les chevaux sont des animaux merveilleux qui sont appréciés par beaucoup de gens. Lorsqu'on les dissocie de l'aspect émotionnel, ils contribuent également, à la fin de leur vie, à relever plusieurs défis actuels, notamment le gaspillage d'aliments sains et de qualité. L'UE compte environ 7 millions de chevaux, dont la moitié est exclue de l'abattage, à tort ou à raison. Delicatesse s'est entretenu avec trois grands fournisseurs de la filière équine qui tiennent à dissiper certains malentendus persistants.
DIMINUTION DE LA CONSOMMATION
Réduction considérable
Marie-Anne De Nil, De Nil Vleeswaren: "En 50 ans, la vente de viande de cheval fraîche a énormément diminué. Autrefois, les bouchers chevalins vendaient jusqu'à 1 tonne lors des promotions! Aujourd'hui, il n'y a plus de boucherie chevaline. En outre, presque tout est pré-emballé, alors que le consommateur préfère que la viande soit fraîchement découpée. Le boucher vendait 50–100 kg de viande fraîchement découpée mais depuis le pré-emballage, il n'en vend plus que 15 kg. Seuls quelques bons bouchers passionnés par leur métier, qui savent de quoi ils parlent et qui choisissent eux-mêmes leurs bêtes, ont maintenu les ventes constantes au cours des 10-20 dernières années."
Le prix est déterminant
Olivier Kemseke, Chevideco: "Autrefois, le cheval était nettement moins cher que le bœuf. Aujourd'hui, les deux sont plus ou moins au même niveau. Si le steak de cheval est proposé à 11 euros au lieu des 19 euros habituels, on en vend jusqu'à trois fois plus. On prévoit que le prix de la viande rouge va continuer à augmenter: la Chine en consomme désormais plus souvent et la population mondiale augmente. La viande de cheval préférée des Belges est régionale. Elle est particulièrement populaire en Wallonie, notamment auprès des familles qui la connaissent depuis l'enfance. Elles apprécient énormément le filet pur, l'entrecôte et le steak, avec une préférence pour la viande bien marbrée. A Anvers, par exemple, la viande de cheval fumée est très appréciée. Chaque région a sa propre spécialité: pensez aux saucisses typiques de Lokeren."
Exclusion pour l'abattage
L'âge d'abattage moyen est de 13 ans, mais un cheval peut facilement vivre 20 ou 30 ans. Depuis 2009, l'Europe donne aux propriétaires la possibilité d'exclure leur animal de l'abattage. C'est irréversible. Les chevaux sont également exclus de manière permanente s'ils ont déjà reçu des médicaments spécifiques. Des études réfutent l'affirmation selon laquelle la consommation présente un danger quelconque. Après une période d'attente pouvant aller jusqu'à six mois, tout résidu aura disparu. Bien qu'il soit important qu'il existe un cadre légal, le secteur travaille à l'instauration d'une période d'attente de six mois au lieu de l'exclusion. Un ajustement dans ce sens signifie une plus grande disponibilité, donc une diminution du prix, donc une viande rouge abordable.
LES FOURNISSEURS prennent parti
Origine traçable
La viande de cheval présente dans nos boucheries est parfaitement traçable. Environ 50% proviennent d'Europe, la Roumanie en tête. Le reste provient d'Amérique du Sud et plus précisément d'Argentine et d'Uruguay. Les transports en direct n'ont pratiquement jamais lieu. Une infime partie est abattue en Belgique. Ici et à l'étranger, on fait appel à des professionnels qui ont l'habitude de s'occuper des chevaux. Une approche humaine permet d'éviter la souffrance et les incidents.
Moins de négligence
Olivier Kemseke: "C'est typique: on achète un cheval pour les enfants. Et après un certain temps, ils ne s'en occupent plus. C'est une utopie de croire que les chevaux exclus de l'abattage sont soignés de manière optimale jusqu'à leur dernier jour. Les chevaux plus âgés n'ont plus aucune fonction mais ne cessent de générer des coûts. Des activistes bien intentionnés mettent en place des refuges, mais les places disponibles contrastent fortement avec le nombre de chevaux 'exclus'. Cette forme d'accueil ne peut jamais être une alternative. Lorsque les soins appropriés ne peuvent plus être dispensés, le risque de négligence est parfois plus grand."
Situation mondiale incertaine
Olivier Kemseke: "L'exclusion de l'abattage est une situation bureaucratique absurde, surtout à une époque où les gens ont faim. La vie est faite de naissance – de jeu – et pour un cheval plus âgé, elle mène au terminus. Il s'agit d'une économie parfaitement circulaire. Nous ne devons pas fermer les yeux sur ce phénomène dans notre secteur. Nous ne sommes qu'au début de la crise économique. Avec l'augmentation des coûts, des changements se produisent dans le budget des consommateurs. Il faut faire des choix: la voiture ou les vacances. Peut-être seront-ils alors plus enclins à considérer le cheval comme une source de protéines."
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UN PLAIDOYER POUR PLUS DE DURABILITÉ
Pas de déchets
Un cheval pèse environ 420 kg et produit 170 kg de viande. Kristof Peeters: "Toutes les parties sont utilisées: filet pur, faux filet et aloyau, tranche grasse, cuisse, plate cuisse pour les salaisons... Les autres parties du muscle peuvent être cuites jusqu'à ce qu'elles soient tendres et transformées en viande à ragoût. Mais cela va bien au-delà: sous-produits dans l'alimentation animale, ingrédients pour les produits pharmaceutiques... La viande de cheval est particulièrement durable car elle n'est pas élevée pour l'abattage. Il s'agit, en quelque sorte, d'un flux résiduaire. Mais en cas d'euthanasie, les carcasses sont sans valeur. De plus, leur traitement est polluant. "Au moment où l'Europe lance le Green Deal, qui mise sur une alimentation durable, c'est incompréhensible. En Europe, cela représente une perte de 595.000 tonnes de viande et de 300 millions de kilos de sous-produits.
Plus de bien-être pour les chevaux
Le secteur de la viande de cheval fait des efforts pour éradiquer les abus. Seul un cheval qui mène une vie saine et sans stress fournit une viande de qualité supérieure. En 2016, la FEBEV a fondé 'Respectful Life' en collaboration avec le département Animal et Bien-être de la KU Leuven. Les chercheurs vont visiter les entreprises et contrôlent l'ensemble du processus, qui est conforme aux normes européennes en matière de bien-être animal. La viande de cheval est un sujet tabou pour beaucoup, mais cette décision ne doit pas être basée sur l'émotion.
Non à la fraude
Kristof Peeters: "En 2013, le scandale des plats préparés - la viande de boeuf dans les lasagnes étant remplacée par de la viande de cheval, moins chère - a fait couler beaucoup d'encre. Cela a déclenché une prise de conscience générale sur le marché: les aliments doivent être achetés auprès d'entreprises fiables. Heureusement, la viande de cheval n'a pas été présentée sous un jour négatif. Le secteur n'était pas à blâmer et les produits étaient tout à fait propres à la consommation humaine.
La viande de cheval est durable car elle n'est pas élevée pour l'abattage
SÉDUIRE LE CONSOMMATEUR
Kristof Peeters: "Accordez à la viande de cheval une place de choix sur le comptoir. Organisez une journée de la viande de cheval: c'est toujours intéressant pour un produit de niche. Cela ouvre l'appétit des consommateurs, qui peuvent être sûrs que la viande est fraîche. Soyez progressistes et promouvez la viande de cheval comme un produit durable et sain. Olivier Kemseke: "Il s'agit d'une source de protéines de haute qualité – 21 g pour 100 g – de vitamines B12, B3 et B6, de fer et de zinc. Les graisses sont principalement des acides gras insaturés, oméga 3 et oméga 6. En outre, cette viande est facile à digérer et donc idéale pour le consommateur moderne." Marie-Anne De Nil: "La charcuterie chevaline est également un produit sain, contrairement à de nombreux autres produits de charcuterie fine. Distribuez des échantillons gratuits: les gens distingueront immédiatement la qualité. De plus, cette garniture plus légère se prête également à des applications surprenantes, comme les roulades de chicon avec une sauce au fromage."

