LE BREXIT AURA AUSSI UN IMPACT SUR L'IMPORTATION DE VIANDE D'AGNEAU
Les britanniques gerent le plus grand cheptel ovin d'europe

En 2016, le Royaume-Uni a choisi de tourner le dos à l'Europe. A partir du 31 octobre 2019, ce pays ne fera plus partie de l'Union Européenne. Devons-nous nous préparer à un Brexit dur ou bien est-ce que les Britanniques sortiront plus tôt de l'UE avec un accord? Quoi qu'il en soit, chaque décision aura des conséquences pour toutes les économies européennes. Comme la plupart des entreprises, les producteurs et exportateurs britanniques de la filière ovine espèrent un accord commercial mais envisagent l'avenir avec incertitude.
Consequences
Quelle que soit la forme qu'adoptera le Brexit, il aura un lourd impact sur chaque secteur de l'entreprise. En effet, le Royaume-Uni est un important partenaire commercial si bien que le Brexit frappera fort, qu'il y ait ou non un accord commercial.
Hors de l'UE, avec ou sans accord
En principe, à partir du 31 octobre 2019, le Royaume-Uni ne fera plus partie de l'UE. Et il ne devrait pas y avoir de nouveau report. Les Britanniques ont un nouveau premier ministre qui a annoncé à qui voulait l'entendre que le Royaume-Uni quittera l'UE de toute façon, avec ou sans accord. Et si Boris Johnson perd le vote de confiance que le parti travailliste a annoncé pour début septembre, il repoussera les nouvelles élections après le Brexit.
Période de transition
Mais le Royaume-Uni a convenu avec l'UE qu'en cas de ratification d'un accord de retrait, le pays pourra rester membre du marché unique et de l'union douanière jusqu'au 31 décembre 2020. Durant cette ‘période de transition’, le Royaume-uni continuera d'appliquer le droit de l'UE.
‘Brexit dur’
Si aucun accord commercial UE-27 (n.d.l.r. 27 Etats membres européens) n'est signé avec le Royaume-Uni avant le Brexit, on aura un ‘Brexit dur’. Alors, tous les échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et l'UE seront soumis aux règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Il y aura de nouveaux tarifs d'importation plus élevés et des contrôles aux frontières, ce qui augmentera le coût du commerce – et de certains produits agricoles comme la viande.
Cela devrait restreindre l'économie britannique car le pays perdrait alors son accès préférentiel à tous les pays avec lesquels l'UE a un accord de libre-échange. Les trois secteurs qui en souffriraient le plus – sur base du volume commercialisé – seraient les produits alimentaires transformés, les produits laitiers et la viande (Bellora et al., 2017).
Le Royaume-Uni, un marché important pour la Belgique
Du point de vue de la Belgique, le Royaume-Uni est le 4e plus gros marché de produits agricoles dans l'UE. Un peu moins de 4% de l'importation belge de produits agricoles proviennent du Royaume-Uni. Ce pays exporte surtout vers l'Irlande (26,1%), la France (17,4%), les Pays-Bas (10,7%) et l'Allemagne (10,7%). Les dix principaux produits importés représentent 38% de la valeur d'importation totale des produits agricoles en Belgique depuis le Royaume-Uni. Les produits agroindustriels arrivent en tête, avec 108 millions d'euros, suivis par les boissons alcoolisées (ex. la bière et le vin), le beurre et les matières grasses lactiques, les graines de betteraves sucrières, la viande de mouton et de chèvre (44 millions d'euros) (Source: Eurostat Comext).
Exportation versus importation
Le Royaume-Uni exporte surtout des produits transformés, le principal étant le whisky. Il importe beaucoup plus de produits primaires que ce qu'il n'exporte: viande bovine, volaille, viande de porc et d'agneau … Pourtant, les Britanniques gèrent le plus grand cheptel ovin d'Europe. Le plus gros acheteur étranger de viande d'agneau est la France, avec près de 30.000 tonnes en 2017. Les Allemands ont acheté près de 10.000 tonnes de viande d'agneau britannique en 2017.
Grosses inquietudes pour l'agneau
Selon le service de promotion Meat Promotion Wales (HCC), le Brexit inquiète de nombreux producteurs de PGI Welsh Lamb. “Le Welsh Lamb est un produit d'exportation agricole important, dont plus de 30% sont exportés chaque année vers l'Union Européenne. Quelle que soit l'incertitude que suscite le Brexit, les acteurs de chaque côté de la Manche seraient disposés à insérer une période de transition afin de préserver un commerce sans taxe pour les marchandises avec des indications géographiques. Mais aucune déclaration n'a été faite quant au champ d'application”, déclare Meat Promotion Wales. Toutefois, le service de promotion espère que la ‘Welsh Lamb Industry’ pourra exercer sa modeste influence sur les instances politiques.
Prévisions
Les entreprises britanniques espèrent un accord commercial. Sinon, les Britanniques seront soumis aux règles de l'OMC. Les autorités, la douane, les vétérinaires et les exportateurs seront alors confrontés à de nouveaux défis auxquels il devront se préparer. Selon des études, le Brexit entraînera une diminution de l'exportation agricole depuis les pays de l'UE. L'ampleur du phénomène dépendra des accords commerciaux finaux entre l'UE-27 et le Royaume-Uni. Les produits agricoles qui ne pourront pas être vendus au Royaume-Uni seront pour la majeure partie vendus dans d'autres pays.
Scenarios du brexit
• Etant donné les éventuels droits d'importation imposés par le Royaume-Uni, ce pays pourrait devenir un marché moins attrayant pour les importateurs européens, qui passeraient à côté des transferts commerciaux préférentiels dont ils bénéficient actuellement.
• Les frais de douane constitueraient des coûts supplémentaires pour les opérateurs, tant pour l'importation que pour l'exportation dans et depuis le Royaume-Uni. Ces coûts peuvent encore être augmentés pour certains produits agricoles à cause des contrôles douaniers supplémentaires destinés à vérifier si les produits sont conformes aux règles d'origine, aux normes de sécurité alimentaire ou aux normes phytosanitaires/de santé animale.
• Le Brexit aura un impact sur les listes de races. Les races anglaises, qui figurent seulement sur la liste des races anglaises, disparaîtront de la liste des races européennes.
Mesures
Après la séparation, le Royaume-Uni pourra élaborer sa propre politique (agricole). Pour le moment, on ne sait pas très bien vers quoi tout cela va évoluer. Le but est de rendre la politique plus durable. Le gouvernement britannique a promis que les agriculteurs britanniques continueront à toucher les subsides de l'UE jusqu'à fin 2023. Il est un fait que les producteurs primaires aux Royaume-Uni ne touchent qu'une fraction de ce que paye le consommateur.
Actuellement, le secteur alimentaire au Royaume-Uni est dominé par de nombreuses entreprises (‘big food’). Les observateurs ont peur qu'elles défendent encore leur pouvoir de marché. L'Ecosse et le Pays de Galles ont déjà développé leur propre vision en matière de politique alimentaire mais il n'y en a pas encore au niveau national (Lang, Millstone & Marsden, 2017).
4 CONSEILS POUR BIEN SE PREPARER AU BREXIT
ORGANISER
• Désignez un responsable Brexit
• Examinez comment le Brexit peut toucher votre entreprise
EXPLORER
• Répertoriez tous les scénarios afin de ne pas être surpris: hope for the best, prepare for the worst
• Voyez s'il faut investir davantage dans votre stratégie d'entreprise
POSITIONNEMENT
• Communiquez avec vos clients, fournisseurs et partenaires. Voyez si des collaborations sont possibles ou si vous pouvez exploiter de nouvelles opportunités
ACTION
• Surveillez constamment les nouveaux développements pour vous et vos clients